— Je n’ai pas entendu la fin de l’histoire, ai-je bougonné, après un moment.
— La fin, a remarqué Myriam. Comme si ça pouvait exister quelque part.
Nous avons continué à marcher, quelques milliers de pas, sans doute. Muets tous les trois.
— Ça ne marche pas, ce système, a dit Goodmann. Le temps s’interrompt n’importe quand et n’importe comment.
— Les histoires restent, l’a consolé Myriam. Au moins on a leur début en mémoire.
— Oui, à la rigueur, ai-je dit. Mais pas ce qu’il y a après.
— Bah, ce qu’il y a après, a rétorqué Myriam.
— Ça ne marche pas, a répété Goodmann.
Lutz Bassmann, Black Village (éd. Verdier, 2017).
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Nouvel épisode de ma chasse au Chat perché. Nous voici à la frontière de Montreuil et de Bagnolet, sur une colline d’anciens terrains vagues interdits, métamorphosés il y a peu en parc départemental assez limite… Dans les années 50, ce gruyère d’anciennes carrières c’était, paraît-il, les Buttes à Morel, la zone dans le sens vivant du terme. Avec la belle complicité de Jana, on y a convoqué une âme morte, qui erre un peu groggy, ébahie de la disparition de son monde…
Mon élue pour Chat perché est la première photo de la série, c’est là que je ressens le plus cette sensation de marcher sur le toit de la banlieue, sinon du monde. J’ai bien conscience d’ainsi sacrifier délibérément toute cette beauté ténébreuse pour ne garder la plus austère du lot, c’est pas humain… Serait-il possible que publier aujourd’hui le off, tout ce petit voyage magique aux côtés de la fille à Morel, rassasie mon besoin de consolation ? !