J’en ai profité pour effacer le nom que j’avais inscrit sur la buée de la fenêtre. Je faisais cela régulièrement, inscrire le nom des filles qui apparaissaient aux nuits noires, les filles que Monroe envoyait dans l’espoir qu’elles foutraient tout en l’air et mettraient fin à l’immonde dégénérescence du Parti. La première avait été Rebecca Rausch, l’amour de ma vie. D’autres avaient suivi. Lilia Adouldjamani. Viola Mourmansk. Mariana Magadane. Cora Kliff. Mirka Goldenberg. La dernière, pour l’instant, avait été Lola Schnittke. Toute la liste était là, invisible après les coups de chiffon sur la buée.
Antoine Volodine, Les Filles de Monroe (Seuil, 2021).