(« De l’origine des espèces » date de 1859. Novat connaissait évidemment l’ouvrage dont les hypothèses et démonstrations inspirent la plupart des récits rassemblés dans « Autres créatures ». Ainsi encore, dans « Aléas », en recombinant les caractéristiques les plus saillantes des animaux connus, il invente la faune fantasque d’une contrée soumise à des conditions physiques et climatiques différentes de celles de notre monde, introduisant donc le zèbre ocellé, la méduse à dents de sabre, l’éléphant-mouche, la taupe à long cou, le tamanoir bipède, la grenouille ailée, le gorille polaire, le papillon fouisseur, le dromadaire à cornes, l’homme naturellement bon, la tortue molle, etc., machinations lexicales plus que biologiques, il faut l’admettre, et qui démontrent surtout, comme tout jeu de combinaisons, fût-il ordonné par un poète en transe, les limites de l’imagination humaine.)
Puis, un beau matin, Torge revint au village, tenant par le licou un âne.
Éric Chevillard, L’explosion de la tortue (éd. de Minuit, 2019).